Pour le producteur et DJ français Lazy Flow, la danse n’est pas une affaire entièrement futile. C’est un art exigeant, qui sème le trouble dans le genre, relie tous les styles de l’histoire du dancefloor, une fuite vers le futur qui reflète parfaitement ce que devient sa génération. Celle qui aime autant la scène Ballroom que le Hip Hop, l’icône Gala que l’Afro House, qui regarde vers le continent Africain, la côte Est Américaine, l’Amérique du Sud ou les Antilles. Il parle à une jeunesse métissée, gender fluid, et il le fait dans la langue la plus universelle, la plus irrésistible: celle de l’énergie.
Les DJ sets de Lazy Flow sont des célébrations, des catharsis collectives, emmenées par des danseurs qui le suivent partout et poussent le corps dans ses limites pour faire honneur à sa musique.
Le secret est une maîtrise parfaite des rythmiques héritées des maîtres de la House, des icônes de la Ballroom (dont il détient les codes comme personne), des saccades du Baile Funk, de la UK Bass, Bouyon ou du Shatta. Cette virtuosité technique, alliée à un travail quotidien acharné dans le studio, donne à ses prestations quelque chose de sorcier, de rare, à la fois exigeant et rassembleur.
Garçon de sa génération, mais pas que, il est également habité de curiosité, de cette passion incandescente qui rend son chemin parfaitement singulier. Son public le sait, qui le suit, le célèbre en France et aux quatre coins du monde, et multiplie les figures, les écarts, les outrances devant ses platines, avec lesquels lui seul sait aussi bien dialoguer.
Un set de Lazy Flow, c’est parfaitement électrisant, à la fois familier, facile à suivre, et merveilleusement déroutant.
Ses productions, petits graals que s’échangent les DJ’s pour illuminer le dancefloor, ne sont pas en reste. Ses edits de tubes, ou de trouvailles bien à lui, sont des déconstructions d’une incroyable modernité, et ses compositions ne lâchent jamais rien, à l’instar des morceaux produits avec Vladimir Cauchemar, Pongo, Kiddy Smile, Meryl, Maureen,… Tous les sentiments y sont fusionnés, mais la danse ne doit jamais s’arrêter.
Le dernier EP de Lazy Flow, Paris Bouillon Club, conçu et imaginé pendant la fermeture généralisée des clubs, est une synthèse remarquable de ses influences et de son parcours. Aussi éclectique, audacieux et ouvert que son auteur, il est nourri au Baile Funk, à l’Afro-Trap et à la UK Bass et les productions sont sublimées par les performances vocales du Congolais Popaul Amisi, de l’Anglo-japonaise Shala et de l’icône de la scène Ballroom européenne Matyouz. L’EP est aussi un hommage à LA CREOLE, du nom des soirées fiévreuses dont Lazy Flow a été dj résident pendant 5 ans.
Aujourd’hui, c’est épaulé par un MC et deux danseurs sans limites que Lazy Flow se produit en live : l’expérience unique du Lazy Flow Show, extrapolation d’un univers à nul autre pareil, inclusif, festif mais aussi pédagogique, prend d’assaut de plus en plus de festivals à travers l’Europe.
C’est toujours lorsque l’on a l’impression qu’il ne se passe rien en musique qu’apparaissent des phénomènes uniques et inattendus, des cygnes noirs, comme venus de nulle part.
Lazy Flow en est un. Ne le ratez surtout pas.
Par Ariel Wizman